I-Les pratiques religieuses contestées

A) Dogmatisme
 

Nous voyons dans un premier temps la critique des dogmes religieux par les Lumières. Tout d'abord nous pouvons dire que le dogmatisme est une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible par une autorité politique, philosophique ou religieuse qui emploiera dans certains cas la force pour l'imposer. Au sens le plus général, « dogmatisme » est devenu le synonyme d'intransigeance, d'autoritarisme, d'étroitesse d'esprit et de raideur : il est le fait de quiconque « dogmatise », c'est-à-dire affirme sans preuve, ne tolère aucune discussion, parle d'un ton tranchant, porte des jugements péremptoires. Nous voyons aussi qu'en religion, dogmatisme désigne la disposition à croire des dogmes, c'est-à-dire des règles imposées par l’Eglise.

Exemple 1 :

  • Nous pouvons constater avec l'étude du texte "Prière à Dieu" que Voltaire montre un manifeste déiste où il condamne et dénonce les rites. Ce texte provenant du traité sur la tolérance écrit en 1763 traite de l'affaire Callas. Voltaire y défend Jean Callas, un protestant, qui est accusé à tort d'avoir assassiné son fils hors ce dernier s'était  pendu.
    Dans sa prière à Dieu, Voltaire fait la critique de la hiérarchie religieuse et reproche aux ecclésiastiques leur goût pour l'argent, la fortune et le pouvoir. Il utilise des périphrases pour désigner cette hiérarchie ecclésiastique qui sont une manière de la refuser par exemple il dit " ceux dont l'habit est teint en violet " il parle là des évêques, " ceux dont l'habit est teint en rouge " il parle alors des cardinaux, " quelques fragments arrondis d'un certain métal " qui montre l'argent. Ces périphrases de plus, dévalorisent ce dont il est question. Il dénonce des rites multiples qui sont source de conflits entre les hommes. Des différences par exemples les vêtements sont susceptibles d'engendrer la haine entre les hommes. Nous pouvons aussi constater qu'une critique des hommes d'Eglise est faite ici, par exemple la soif de richesses matérielles, La teinture qui insiste sur l'apparence et la fausseté. Nous voyons aussi que la satire est bien plus féroce pour attaquer la vanité terrestre et matérielle de ceux qui en principe sont chargés d'une mission spirituelle.

Exemple 2 :

  • Nous voyons que le chapitre 19 de Candide  dénonce également les dogmes religieux. En effet, Voltaire accuse la religion de cautionner l’esclavage. Depuis le Code Noir  instauré en 1685 les esclaves appartiennent à leur maitre qui est autorisé à leur infliger toutes sortes de pratiques barbares telles que le marquage à la fleur de lys, les mutilations, la peine de mort. C’est seulement en 1848 que l'esclavage est aboli en France.
    Dans ce chapitre Voltaire met en évidence la contradiction " nous sommes tous enfants… " Alors qu’ils ferment les yeux sur la pratique de l'esclavage. Cette contradiction trahit l'hypocrisie des prêtres. A Surinam, la parole biblique est une illusion consolatrice, détourne les esclaves de la révolte en les berçant d’une égalité chimérique. En Guinée: l’adoration des fétiches engendre la passivité qui fait accepter la loi du plus fort comme un ordre divin auquel il faut se soumettre. Il y a donc une dénonciation de l'hypocrisie des prêtres. Il y a certaines choses rédigées dans la Bible qui ne sont pas respectées par les prêtres pourtant censés représenter celles-ci.

Exemple 3 :

  • La lettre persane 29 écrit par Montesquieu montre à travers l'étonnement de Rica les paradoxes de l’Eglise chrétienne. Pour cela il utilise des antithèses quand ils sont assemblés, ils font, comme lui, des articles de foi; quand ils sont en particulier, ils n'ont guère d'autres fonctions que de dispenser d'accomplir la loi.  L’ensemble des critiques concerne le passage du spirituel au matériel : l’argent permet d’acheter des indulgences, cela montre leur hypocrisie.En effet face aux richesses ces deniers ferment les yeux.
    Le pape apparait comme un manipulateur, et un magicien, alors qu’il est censé représenter un dieu. L’énumération à la ligne 30, montre que le pape ressemble à un artiste de foire. Il utilise le dogme contre la raison. Montesquieu énumère des articles de foi contraires au bon sens, que l’on ne peut pas accepter « que le pain n’est pas du pain ». De façon subtile, il montre que le pape peut être opposé à la foi chrétienne et catholique : « il leur défend de lire… » On voit alors l'interdiction de lire la bible pour les femmes. La foi et la piété sont inutiles « Pourquoi...paradis...puisque... ». On remarque encore qu’il pense comme un païen : « Il faut qu’il ait été instruit par notre simple loi » c'est une loi Perse. On explique que le pape ne veut que manipuler les puissants « certains articles de croyance… » Plutôt que de faire le chef spirituel.


     

Exemple 4 :

  • Nous pouvons également aborder dans cette partie le chapitre 6 de Candide où Voltaire veut dénoncer l’absurdité du dogme religieux. En effet, le narrateur décrit brièvement le déroulement de l’auto-da-fé en remarquant simplement, sur un ton neutre, que « le biscayen et les deux hommes qui n’avaient pas voulu manger de lard furent brûlés », et que « Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume ». Le narrateur banalise ironiquement l’auto-da-fé en précisant « quoique ce ne soit pas la coutume », semblant vouloir signifier par-là que le seul point critiquable de ce rituel réside dans le non-respect des règles religieuses alors qu’il s’agit en réalité de tuer des victimes innocentes. Puis le narrateur ajoute, sur un ton tout aussi neutre que précédemment, que « le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable ». Cette formulation sèche, sans aucun commentaire de la part du narrateur, et sans présentation de liens avec l’auto-da-fé montre l’inutilité totale de la cérémonie, simplement mais efficacement : l’auto-da-fé n’a pas empêché la terre de trembler ; ce phénomène n’est donc pas dû à la Providence. La religion est donc comparée ici à de la superstition.

 
 

  B) Fanatisme

 

Les philosophes des Lumières critiquent aussi le fanatisme.

Ce terme désigne la personne qui, au nom d'une foi, est capable de faire n'importe quoi pour la faire triompher. L'idée qu'il n'y a de fanatisme que religieux trouverait aisément à se confirmer dans le fait que la religion est partout présente où règne le pouvoir de l'esprit sur le corps et l'autorité d'un homme sur ses semblables.
 

Exemple 1 :

  • On retrouve la critique du Fanatisme dans l'article « Fanatisme » du dictionnaire philosophique de Voltaire. Dans cet article il est dit que la religion agit comme un poisonl.23 "la religion se tourne en poison dans les cerveaux infectés». Les exemples du paragraphe 6 ont un traitement ironique en effet il évoque des personnages bibliques, célèbres pour leur héroïsme, leur sens du sacrifice ; mais les présente comme des héros de faits divers sanglants. Aod : un assassin qui commet un meurtre avec préméditation, Judith : une prostituée, Samuel : un boucher. Voltaire insiste sur le vocabulaire de la cruauté assassine, coupe la tête, hache en morceaux de la trivialité. Il présente l’histoire de la religion comme une succession d’actes de fanatisme. « Ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne » : Voltaire relève ici un paradoxe au regard de la religion chrétienne. Il est contraire à l’enseignement de la Bible «Tu ne tueras point », un des dix commandements. Le dévouement absolu et exclusif à une cause qui pousse à l'intolérance religieuse ou politique et conduit à des actes de violence.

     

Exemple 2 :

  • Dans la lettre persane 46 le despotisme est la cible principale, avec l'arbitraire qui le fonde. L'hypocrisie des ecclésiastiques, leur corruption, entraînent une défiance à l'égard des religions, souvent mises à plat et universellement condamnées : le fanatisme musulman, dont la Loi ne sait s'imposer que par la fable et la superstition, rejoint l'intolérance de toute religion, quelle qu'elle soit. Les prêtres donnent eux-mêmes de leur culte une image indigne, pervertis par l'oisiveté et les contraintes du célibat.  Nos épistoliers multiplient donc les appels à la tolérance, et le philosophe qui se dissimule derrière eux va jusqu'à faire l'éloge du protestantisme ou manifeste une profession de foi déiste.